ENCORE RÊVER D'ARGENT

De Paul Gonze
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Revery-made falsifié à l'occassion de la première foire Truc-Troc au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en décembre 2004 en paraéllèle à la distribution de ce TRAC-t:

    

AVERTISSEMENT

TRAC d'ART ou TRAQUEMART

 

                                                                                                                                        L’Histoire de l’Art aussi bégaie,
                                                                                                                                        Se la jouant, la première fois, comme une tragédie
                                                                                                                                        La répétant ensuite comme une farce.



TRUC-TROC est une exposition dont l’objectif, selon ses promoteurs, est de « déjouer certains codes économiques et sociaux de notre société actuelle ».

En termes plus romantiques, c’est une guerre sainte, surréaliste, qu’aucun compromis vénal n’entacherait, catalysant la sublimation d’échanges amitieux en extases minutées, où la liberté d’opinion serait la fidèle vassale du libre-échange…
Une deuxième croisade plus précisément dont, selon la tradition ancestrale, Karl de MONCHARLINE, le fougueux promoteur de la ROLLERS PARADE, entouré d’une brochette de vieux généraux et généreux sponsors, brandit l’étendard qu'avait tissé, dans les années septante, son paternel, Mon De Rijck.

Croisade où une centaine de créateurs patentés, la fine fleur du génie artistique du petit Royaume de Belgique, caracole aussi si pas plus gracieusement qu’au millénaire précédent;

Croisade qui s’est donnée pour walkyrie Solange WONNER, la toujours souriante directrice du Centre Culturel de Woluwe-Saint-Lambert, depuis longtemps reconnu et subventionné pour sa défense de l’art d’avant-garde... par essence contestataire.


Personne ne s’étonnera donc que, pour pareille noble et juste cause, le BOZAR, ex PALAIS DES BEAUX-ARTS, institution culturelle en pleine révolution, ait accepté de louer un peu de son espace mais aussi son expérience et son savoir-faire… « le tout hors des sentiers battus, le temps d’un soir festif à l’ambiance " night life" conviviale et aux tonalités pop plaçant d’emblée l’événement dans l’ère (!!!) du temps ».

Touchée par cette éthylique émulation, Aurore d’UTOPIE elle-même est sortie de sa réserve. On croyait cette vieille dame artériosclérosée sur son arrière-train, soliloquant obsessionnellement le vieux couplet soixante-huitard qu’il n’est d’art que là où les gens vivent, s’embrassent et se déchirent. Et surtout pas dans les musées, galeries d’art et autres catacombes.
Mais non ! La voici s’exposant sous une œuvre de circonstance, on pourrait dire de commande : avec des originaux et copies de vrais ou faux billets de banque, recuits selon la bonne vieille recette de grand-mère Rrose Sélavy et mis, comme tout chef d'oeuvre qui se respecte, sous verre. Là même où, il n’y a guère, une dame de Venise, rompue au commerce de ses charmes (à moins que ce ne fût encore une copie) s’affichait, en train de se masturber !

Alors : dévaluation de l’art à des fins publicitaires ? Sacrifice aux démons de la mondialisation néo-libérale pour tempérer leurs ukases de rentabilité? Cheval de Troie en veilleuse dans la forteresse des spéculateurs ? Foire agricole de bleu-blanc-belges aux jambons tamponnés beuglant devant leurs Panurges désargentés ? Ou folle fête d’une nuit où oublier, avant le retour de la lumière, la vie et ses contradictoires absurdités ?

Attention, vampire ! Attention ! Qu’ATTAC ne t’attrape …



                                                                                                              Leonardo del Suegno