Une enquète très officielle

De Paul Gonze
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Nécessité: Disposer des avantages légaux des associations sans but lucratif , en particulier pour l'octroi des subventions.

Période: Pleine lune du solstice d'été 1978

Milieu d'intégration : La plus vieille dame de belgique, euh pardon, le Moniteur Belge

Développements: Pleine lune du 21 juin: adoption des statuts de TOUT par ses membres fondateurs; 22 juin: envoi du texte des statuts au Moniteur; Fin août: ouverture d'une enquète de police avec convocation des principaux signataires; 24 octobre: Mise en demeure, par l'avocat de TOUT, de la direction du Moniteur Belge; 23 novembre: publication des statuts avec deux erreurs qui sont rectifiées dans le Moniteur du 28 décembre.

Coût de matérialisation: 5000 francs belges soit125 €

Remerciements: à la Police du Royaume pour la publicité indirecte qu'elle a offerte à TOUT et à Maître Georges-Henri BEAUTHIER qui, malgré l'opposition du Ministre de la Justice, a obtenu que ses statuts soient publiés.

Le témoignage d'un des complics interrogés:

                                                                                                             Bruxelles, le 2 septembre 1978


Très Chère Dame des Secrets,


     Ouf, les pandores ne m'ont pas mis au secret comme membre de ce qu'ils préjugeaient être un club d'haschichins lunatiques ou une fraternelle de plasticiens plastiqueurs.

     Pourtant, j'ai du reconnaître avoir participé à l'élaboration des statuts de cette " association sans but lucratif " qui se propose de donner une concubine à Manneken Pis, de déterrer la plage de sous les pavés de la Grand-Place, de couvrir d'une moitié de soutien-gorge le dôme du Palais de Justice et d'une autre celui de l'Eglise Sainte Marie (avec quelque chose en plastique plus rose sur le colonne du congrès), de libérer des pigeons flûtistes au dessus des Marolles... en d'autre mot de fissurer notre grisaille quotidienne pour y semer le ferment d'un autre art, art de vivre s'entend. Ils m'ont classé dans la catégorie des animateurs socio-culs, des bouffons du roi !

     Ils ont aussi noté, dans ma déclaration, que si nous avions opté pour un langage " non conventionnel ", c'était parce que nous nous demandions dans quelle mesure des paroles pouvaient influencer des actes, ou simplement leur correspondre. Peut-être ai-je même dit " sortant du commun". De là à y voir quelque chose d'explosif !

     A la fin, l'Inspecteur Judiciaire Principal, m'ayant pris à la bonne (je ne lui ai quand même pas proposé de devenir complice rêveur), m'a confié, se fendant la poire, que si quelques pontes des sphères supérieures avaient gueulé et ordonné une enquête (un ministre paraît-il), c'est par ce qu'il ne pouvait tolérer que la plus vieille dame du Royaume, leur sacré Moniteur, s'abaisse, pour à peine cinq mille balles, à être le porte-parole d'une bande de farfelus...