Correspondances & Dissonances

De Paul Gonze
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Qui ne peut se sentir troublé par le poème des "Correspondances" écrit par l'auteur du pamphlet "Pauvre Belgique"?

   La Nature est un temple où de vivants piliers
   Laissent parfois sortir de confuses paroles :
   L'homme y passe à travers des forêts de symboles
   Qui l'observent avec des regards familiers.

   Comme de longs échos qui de loin se confondent
  
Dans une ténébreuse et profonde unité,
   Vaste comme la nuit et comme la clarté,
   Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

   Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
   Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
   - Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

   Ayant l'expansion des choses infinies,
   Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
   Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

Qui ne peut comprendre qu'Unala Bwana, écoeuré par les dissonances pervertissant toutes tentatives de communication dans son pays d'adoption, ait voulu le retravailler ? Dans une première version qui fut déclamé dans le parc du Cinquantenaire, devant le Pavillon des Passions Humaines de Jeff Lambeaux, pendant le pique nique de la promenade révélant les non-sens, contresens et sens interdits de la statuaire nationale bruxelloise:

   Bruxelles est un bordel où putains et vilains
   Dénaturent les plus sacrés godemichés;    
(remarque 1)
   Poules et lions y souillent nos chers clichés,  
(remarque 2)
   Par d’interminables et stériles jeux de mains.

   Quant faux soupirs et creux échos se répondent,
   Las de s’unir dans des coïts de poussière,
   Chacun, sous son clocher, prie pour son derrière,
   Mais tous, dans l’urine et la merde, se confondent.

   Ils n’osent plus sourire avec les cupidons,
   Rougir de plaisir, s’offrir avec abandon,   
(remarque 3)
   - Préfèrent, corrompus par de haineuses proses,

   Se branler dans l’ombre de leurs chambres closes,
   En excitant jalousies et nombrilismes
   Qu’enflent les délires du cunilinguisme.

Seconde discordance à réciter à la fin de la promenade devant l’Eglise du Béguinage

   La Belgique est un musée où bronzes et pierres
   Se murmurent sans fin d’équivoques aveux ;
   Flallons et Wamands y ont tissé mille nœuds
   Qui subliment leur complicité d’hier.

   Ces compromis plastiques que l’esthète méprisent,
   Troubles symboles de mesquines disputes
   Et de retrouvailles entre clairons et flûtes,
   Alternant grimaces et sourires, nous grisent.

   Chantons nos monuments qui résistent aux vents,
   Roses, sucrés, crémeux comme des rêves d’enfants
   - Et les autres aussi, bourgeois, gras et balourds,

   Bien plus autistes que des muets et des sourds,
   Qui se révèlent brol rongé par l’éternel
   avant qu’en poussières tous ne roulent pêle-mêle.


Remarque 1:La liberté, l’égalité et la fraternité ?

Remarque 2: Que l’union fait la force ? Que la Belgique est une démocratie ? Que le roi en est le petit chapeau ?

Remarque 3: Rugir ou rougir?