La Belle Saison

De Paul Gonze
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Quittant mon garagiste à qui je venais de confier ma vieille camionnette Peugeot pour qu'il remplace sa courroie de distribution, je rejoignais à pied la station de métro Rodebeek quand j'ai été attiré par un étrange étalage sur l'appui de fenêtre d'une petite maison bourgeoise aux volets baisés. M'approchant, je remarque, entre des vieux livres, des jouets fatigués, des casseroles bosselées, quelques sculptures en terre cuite de femmes bien en chair: du brol offert comme abandonné par le propriétaire, artiste méconnu, contraint sans doute à déménager et donc à "vider son atelier". L'une de ses sculptures, aux rondeurs particulièrement généreuses mais symptomatiquement décapitée, a retenu mon attention au point que ke me suis enhardi à l'emmener sous le bras.

En cours de route, je songe qu'en forant son entre-jambe pour y introduire une barre d'acier ancrée dans un socle de plâtre, je pourrais la maintenir en position debout plutôt que couchée et sublimer ma vahiné étêtée en un vase pour un bouquet de pisse-en-lits, trois marguerites ou une rose?

Quoi, une rose? Encore, et rose évidemment la rose! Alors que ...

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Mais vous, comment la voyez vous, la tête de cette belle? Au carré ou à la Marilyn ou de veau en tortue? Non, ce serait trop beau si vous osiez m'en proposer une ici... ***

  

P.S.: Ce ready-made m'interpelle surtout parce qu'un jour sans doute, les kinedurekunmomans encombrant mon Petit aMusée pourraient semblablement encombrer le trottoir du 16 de la rue du Béguinage et qu'avec un peu de chance, un.e inconnu.e emportera sous son bras "La Belle Saison".

 

*** Évocation sommaire du rêve d'un vieil ami s'étant réveillé avec une sacrée gueule de bois: "J'étais perdu au fond des bois, ne sachant où donner de la tête. Normal, je la serrais sous mon bras. Et fallait que je me dépéche de lui trouver un nouveau propriétaire. J'arrive donc dans une ferme-château dont l'étable-bibliothèque déborde de têtes d'hommes illustres et de vedettes de cinéma. Je comprends que, pour que ma vieille caboche trouve sa place ici, il me fait l'échanger contre celle de Napoléon, ou de Brigitte Bardot, ou de Quasimodo, ou...la vôtre? Le choix est trop vaste: je me réveille... avec un de ces mals au crâne!"

Je vous invite aussi à Relire dans ce contexte "La Tentative de Description d'un Diner de Têtes à Paris/France" de Jacques Prévert... à tête reposée.