« La Mendiante Rousse » : différence entre les versions

De Paul Gonze
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Blanche fille aux cheveux roux,<br>Dont la robe par ses trous<br>Laisse voir la pauvreté<br>Et la beauté,
Blanche fille aux cheveux roux,<br>Dont la robe par ses trous<br>Laisse voir la pauvreté<br>Et la beauté,


<br>


Pour moi, poète chétif,<br>Ton jeune corps maladif,<br>Plein de taches de rousseur,<br>A sa douceur.


<br>
Pour moi, poète chétif,<br>Ton jeune corps maladif,<br>Plein de taches de rousseur,<br>A sa douceur.


Tu portes plus galamment<br>Qu'une reine de roman<br>Ses cothurnes de velours<br>Tes sabots lourds.


<br>


Au lieu d'un haillon trop court,<br>Qu'un superbe habit de cour<br>Traîne à plis bruyants et longs<br>Sur tes talons&nbsp;;
Tu portes plus galamment<br>Qu'une reine de roman<br>Ses cothurnes de velours<br>Tes sabots lourds.


<br>


En place de bas troués,<br>Que pour les yeux des roués<br>Sur ta jambe un poignard d'or<br>Reluise encor&nbsp;;


<br>
Au lieu d'un haillon trop court,<br>Qu'un superbe habit de cour<br>Traîne à plis bruyants et longs<br>Sur tes talons ;


Que des noeuds mal attachés<br>Dévoilent pour nos péchés<br>Tes deux beaux seins, radieux<br>Comme des yeux&nbsp;;


<br>


Que pour te déshabiller<br>Tes bras se fassent prier<br>Et chassent à coups mutins<br>Les doigts lutins,
En place de bas troués,<br>Que pour les yeux des roués<br>Sur ta jambe un poignard d'or<br>Reluise encor ;


<br>


Perles de la plus belle eau,<br>Sonnets de maître Belleau<br>Par tes galants mis aux fers<br>Sans cesse offerts,


<br>
Que des noeuds mal attachés<br>Dévoilent pour nos péchés<br>Tes deux beaux seins, radieux<br>Comme des yeux ;


Valetaille de rimeurs<br>Te dédiant leurs primeurs<br>Et contemplant ton soulier<br>Sous l'escalier,


<br>


Maint page épris du hasard,<br>Maint seigneur et maint Ronsard<br>Épieraient pour le déduit<br>Ton frais réduit&nbsp;!
Que pour te déshabiller<br>Tes bras se fassent prier<br>Et chassent à coups mutins<br>Les doigts lutins,


<br>


Tu compterais dans tes lits<br>Plus de baisers que de lis<br>Et rangerais sous tes lois<br>Plus d'un Valois&nbsp;!


<br>
Perles de la plus belle eau,<br>Sonnets de maître Belleau<br>Par tes galants mis aux fers<br>Sans cesse offerts,


- Cependant tu vas gueusant<br>Quelque vieux débris gisant<br>Au seuil de quelque Véfour<br>De carrefour&nbsp;;


<br>


Tu vas lorgnant en dessous<br>Des bijoux de vingt-neuf sous<br>Dont je ne puis, oh&nbsp;! pardon&nbsp;!<br>Te faire don.
Valetaille de rimeurs<br>Te dédiant leurs primeurs<br>Et contemplant ton soulier<br>Sous l'escalier,


<br>


Va donc&nbsp;! sans autre ornement,<br>Parfum, perles, diamant,<br>Que ta maigre nudité,


Ô ma beauté&nbsp;!
Maint page épris du hasard,<br>Maint seigneur et maint Ronsard<br>Épieraient pour le déduit<br>Ton frais réduit !


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<sup>''&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Charles Baudelaire''</sup><br><br>


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Tu compterais dans tes lits<br>Plus de baisers que de lis<br>Et rangerais sous tes lois<br>Plus d'un Valois !



- Cependant tu vas gueusant<br>Quelque vieux débris gisant<br>Au seuil de quelque Véfour<br>De carrefour ;



Tu vas lorgnant en dessous<br>Des bijoux de vingt-neuf sous<br>Dont je ne puis, oh ! pardon !<br>Te faire don.



Va donc ! sans autre ornement,<br>Parfum, perles, diamant,<br>Que ta maigre nudité,

Ô ma beauté !



<sup>''&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Charles Baudelaire''</sup><br><br>

Dernière version du 26 juin 2016 à 16:26

Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté,


Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
A sa douceur.


Tu portes plus galamment
Qu'une reine de roman
Ses cothurnes de velours
Tes sabots lourds.


Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons ;


En place de bas troués,
Que pour les yeux des roués
Sur ta jambe un poignard d'or
Reluise encor ;


Que des noeuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
Comme des yeux ;


Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
Les doigts lutins,


Perles de la plus belle eau,
Sonnets de maître Belleau
Par tes galants mis aux fers
Sans cesse offerts,


Valetaille de rimeurs
Te dédiant leurs primeurs
Et contemplant ton soulier
Sous l'escalier,


Maint page épris du hasard,
Maint seigneur et maint Ronsard
Épieraient pour le déduit
Ton frais réduit !


Tu compterais dans tes lits
Plus de baisers que de lis
Et rangerais sous tes lois
Plus d'un Valois !


- Cependant tu vas gueusant
Quelque vieux débris gisant
Au seuil de quelque Véfour
De carrefour ;


Tu vas lorgnant en dessous
Des bijoux de vingt-neuf sous
Dont je ne puis, oh ! pardon !
Te faire don.


Va donc ! sans autre ornement,
Parfum, perles, diamant,
Que ta maigre nudité,

Ô ma beauté !


                                                                                                                   Charles Baudelaire

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