« Les bijoux » : différence entre les versions

De Paul Gonze
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La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,<br> Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,<br> Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur<br> Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,<br> Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,<br> Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur<br> Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.


Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,<br> Ce monde rayonnant de métal et de pierre<br> Me ravit en extase, et j’aime à la fureur<br> Les choses où le son se mêle à la lumière.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,<br> Ce monde rayonnant de métal et de pierre<br> Me ravit en extase, et j’aime à la fureur<br> Les choses où le son se mêle à la lumière.


Elle était donc couchée et se laissait aimer,<br> Et du haut du divan elle souriait d’aise<br> À mon amour profond et doux comme la mer,<br> Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Elle était donc couchée et se laissait aimer,<br> Et du haut du divan elle souriait d’aise<br> À mon amour profond et doux comme la mer,<br> Qui vers elle montait comme vers sa falaise.


Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,<br> D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,<br> Et la candeur unie à la lubricité<br> Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,<br> D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,<br> Et la candeur unie à la lubricité<br> Donnait un charme neuf à ses métamorphoses&nbsp;;


Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,<br> Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,<br> Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;<br> Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,<br> Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,<br> Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins&nbsp;;<br> Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,


S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,<br> Pour troubler le repos où mon âme était mise,<br> Et pour la déranger du rocher de cristal<br> Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,<br> Pour troubler le repos où mon âme était mise,<br> Et pour la déranger du rocher de cristal<br> Où, calme et solitaire, elle s’était assise.


Je croyais voir unis par un nouveau dessin<br> Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,<br> Tant sa taille faisait ressortir son bassin.<br> Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !
Je croyais voir unis par un nouveau dessin<br> Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,<br> Tant sa taille faisait ressortir son bassin.<br> Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe&nbsp;!


– Et la lampe s’étant résignée à mourir,<br> Comme le foyer seul illuminait la chambre,<br> Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,<br> Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !
– Et la lampe s’étant résignée à mourir,<br> Comme le foyer seul illuminait la chambre,<br> Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,<br> Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre&nbsp;!


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Dernière version du 31 décembre 2014 à 15:32

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d’aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S’avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !

– Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !

                                                                                              Charles Baudelaire


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