Tête de turk

De Paul Gonze
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1: Acheter au supermarché une boite de conserve d’ananas des Antilles, qualité royale, une bombe de crème Chantilly, un sachet d’angélique, un berlingot de crottes de chocolat et quelques autres babioles; prévoir éventuellement une bougie d’anniversaire, modèle farceur qui se rallume sans cesse.
2: Étendre détendu le soupirant du jour sur la table en vrai ou faux formica de la cuisine et lui débrider la braguette.
3: Débusquer précautionneusement la bestiole qui se terre et enfiler son museau dans une rondelle d’ananas.
4: Lutiner la linotte jusqu'à ce qu'elle se donne des allures de Grand d’Espagne étranglé par sa fraise ou d’homme girafe vous toisant de haut; si le jour est à la fête, fourrer, comme un "Romeo et Juliette" de Cuba, la bougie émmèchée dans son arrogant bec de lièvre.
5: Calmer le jeu en poudrant ses valseuses de sucre glace puis napper le tout sous une très épaisse clotte de crème fouettée de manière à ce que seul le gland affleure, accroché à sa rondelle d'ananas comme un naufragé à sa bouée. Veiller autant que possible à ne pas trop déborder sur la salopette bleue ou le complet gris à rayures.
6: Peaufiner le tableau en collant, à la place des yeux, deux pétales de violette au sucre, à la place des oreilles deux raisins de Corinthe, à la place de la moustache de macho des crottes en chocolat; Allumer son havane, pardon la bougie.
7: S’il se plaint de ne pas s'y retrouver, lui rétorquer que c’est, dans le style Picasso voire dessin d’école maternelle, son portrait tout craché.


Encore un conseil: ne pas trop attendre pour déguster avec couteau, fourchette et distinction.


                                                                                                                        extrait de ... & ...