Zizis de scorpion en tortue dans leur auréole de Belzébuth

De Paul Gonze
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Il fallait agir: Fatima, la plus vénérable exciseuse de l'Afrique de l'Ouest, et Moïse, le plus auguste circonciseur de la Péninsule Arabique, décidèrent de combiner leurs sortilèges au cours d'un festin démoniaque pour conjurer le déclin de leurs professions qui, comme celles d'allumeur de réverbères, poinçonneur des lilas, attrapeur de rats, crieur public, cireur de chaussures ou dames de compagnie, risquaient de ne bientôt plus relever que d'un folklore pour touristes japonaises.

Malgré leurs préjugés racistes et sexistes, ils s'acoquinèrent pour saliver un plat qu'ils espéraient incomparablement plus enjôleur que le légendaire pâté de langues de rossignol servi à la table de Lucullus ou que celui de valseuses de lapereaux mitonnés par un disciple d'Alexandre Dumas.

La vieille apporta le lot de zizis de scorpions qu'elle avait décapités au cours de la dernière décennie et qu'elle avait pieusement surgelées comme on le fait en Asie avec des gambas tigres pour gastronomes écossais.

Son compère s'en vint avec un tonnelet de saumure dans lequel macéraient les auréoles de Belzébuth scalpées au cours de douze douzaines de lunaisons.

Après s'être embrassés, congratulés et lamentés sur les dérives du progrès scientifique et de l'athéisme, ils plongèrent 666 zizis et autant d'auréoles dans un bouillon pimenté de carottes émincées et d'oignons en rondelles pendant de longues heures. Quand leurs morceaux choisis eurent, les uns, perdus leur élasticité, les autres gagnés en moelleux, ils les exposèrent dans leur jus aux rayons de la lune décroissante jusqu'à ce que la fraîche rosée de l'aube figent les composants adipeux venant à surnager.

Moïse écréma méticuleusement la couche de graisse, la porta à nouveau à ébullition pour l'épaissir, y jeta sept blanc d'œufs de vipères pour clarifier le bouillon puis passa le tout au chinois pour obtenir une gelée aussi limpide que son âme était noire.

Fatima de son côté, apparia, en fonction des tailles, coloris et textures, chacun des bâtonnets durcis et gonflés avec une des auréoles rétrécies et attendries pour les entuber l'un dans l'autre.

Á la tombée du jour, elle plongea ses amuse-choses dans la gelée rosâtre que Moïse avait judicieusement relevée de "Pipi de l'Enfant Jésus" et de "Liebefraulein Milk".

Était advenu le temps des salamalecs, incantations à Lilith et autres danses de St-Guy... qu'ils éternisèrent. Enfin ils furent à point pour mouler leur délice dans un calice de Saint-Ciboire puis l'emballer sous une montagne de linges mouillés et salés pour en abaisser fortement la température.

Quarante jours plus tard, ils déterrèrent et découpèrent ce qui ressemblait à de la vulgaire tête de veau en tortue à la marolienne, en milliers de petits cubes qu'ils expédièrent par DHL au Pape et à sa Papesse, au Grand Mufti et à sa Madonna, aux Présidents d'ici et à leur petites reines d'ailleurs, aux Nobel de médecine et aux chefs étoilés du guide Michelin (peut-être même à vous)... dans l'espoir que ces sommités, mieux que les génies des marigots, ...

Précisions: Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, dans leur "Dictionnaire des Symboles" prétendent que, chez les Dogons et les Bambara du Mali, le clitoris excisé se transforme en scorpion. tandis que le prépuce se réincarne en lézard. Parce que la queue coupée du lézard "repousse"?

 

faim d'entremets plus paradisiaques ?