Pour mon fils

De Paul Gonze
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A un Fils


Il faut venir, parce que le temps passe

Il faut venir, parce que toi et moi

Il faut venir, parce qu'il n'y aura

Bientôt plus même, ici, de guerre lasse


Il faut, car cette maison est la tienne

Il faut venir, la maison est à toi

Il faut venir et il faut que tu viennes

Il faut... il se peut... il pleut... il fait froid


Il faut venir, parce que c'est Noël

Parce que c'est n'importe quelle fête

Et cette ville est faite comme l'aile

D'un ramier pris dans les rets du réel


Tu viennes ! Et il s'envole sur les choses !

Et il proclame au monde ta beauté !

Il faut à ce fournil de ma fierté

Mettre du bois, mettre beaucoup à cause


De ces temps où, déjà, sans te connaître

Sans être inquiet car j'étais sûr de toi

Je t'attendais. Dans la splendeur de naître

Tu venais de si loin pour m'apprendre la joie


Ici, je vois, au nord, par ma fenêtre

Le fleuve indifférent, et je te vois

Frémissement dans les frênes, les hêtres

Où mes pensées secrètes et sans voix


Montant les marches au fond du paysage

Où jaillissant des pages d'un livre. Je vois

Ta belle démarche d'homme libre. Je vois

Ta belle démarche d'homme, sur la jonchée des toits


Jacques Bertin

L'un de mes poèmes préférés