Un billet doux pour un bout de nez

De Paul Gonze
Révision datée du 4 octobre 2019 à 13:22 par Paul (discussion | contributions) (eecherche)
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Pour qu'ils ne puissent plus respirer dans l'au-delà et donc leur jeter de mauvais sort, les égyptiens cassaient le nez des pharaons qu'ils avaient détrônes et des notables dont ils pillaient la tombe.

Nez cassés combinés.jpg
Nez cassés combinés.jpg

 

Quand j'avais trois ou quatre ans, mon grand-père s'amusait à pincer mes narines entre son index et son majeur, leur imprimer une légère torsion puis retirer vivement sa main en glissant son pouce à leur place pour s'écrier "Oh, j'ai arraché ton pif... Mais que tu es laid sans pif... On dirait un petit babouin... Vite, je vais le remettre à sa place" et, avant que je ne fonde en larmes, il me rendait mon nez et mon sourire,

Maintenant grand-père, j'ai repris ce rituel avec ma petite fille. Jeu qui la dernière fois, étrange paradoxe  de la mémoire, ma ramené à l'esprit la mésaventure d"un artiste qui, dans les années soixante entoilait, dans le style bande dessinée et des coloris psychédéliques, des Apollon, des Beaux Brummel et des Superman volant au secours de Vénus aussi éplorées que dévoilées. Lui-même, il est vrai, était un beau blond aux yeux bleus, particulièrement fier de la finesse de son appendice nasal auquel la gent féminine ne pouvait, pensait-il, que difficilement résister.

Invité à un réveillon de nouvel an traditionnellement bien arrosé, il s'y pavanait comme un coq au milieu de ses poulettes. Un chien aussi était de la fête avec lequel notre dandy,en quète peut-être de plus originales extases, s'était mis à danser puis dont il massa la verge. Ce qu'il fit avec un tel doigté que le clebs, éjaculant, le remercia en lui mordant le nez. D'urgence, l'amputé fut transporté à l’hôpital où le médecin de service sutura la plaie du mieux qu'il put, c'est à dire assez mal puisqu'il lui manquait la pièce maitresse... que l'on retrouva, déchet nécrosé et racrapoté parmi les confettis, serpentins et débris de verre à champagne le lendemain de la veille.

Certes notre héros ne pouvait prétendre au statut de gueule cassée mais, obsédé en tant qu'artiste et homme à femmes par l'idéale beauté, il devint susceptible, irritable, déprima, chercha dans l'alcool et la drogue à régner dans des paradis artificiels, passa sous la coupe de dealers qui le ruinèrent au point de l'acculer à se réfugier... là où nous nous retrouverons tous, beaux crânes sans nez respirant peu ou prou une odeur de sainteté

Remarque : Est-ce dans la même intention que les chrétiens brisaient la verge des Dionysos ithyphalliques?

Remarque : Lors des recherches sur Internet qui me permirent d'illustrer cette historiette, je suis tombé sur la "fake news" d'un l'auteur affirmant que les conservateurs du Louvre; du British Museum, du Neues Museum, de l'Ermitage...  avaient sciemment cassé les nez des pharaons et sphinx égyptiens pour, en bons racistes blancs,  occulter leur ascendance africaine. Comment en effet confondre le nez épaté d’un noir avec le nez aquilin d’un blanc?